J'écoute Shakira. Ca faisait longtemps, c'est agréable d'avoir 15 ans à nouveau, le sang et le noir en moins. Je me rappelle des paroles de presque toutes les chansons. L'espagnol me chatouille la langue et j'aime ça. Bésame de una vez y te amarro a mi sofá burgués. J'aime beaucoup les paroles de ses chansons, c'est joli, sexy, un peu provocant, toujours tendre. J'ai aussi entendu deux chansons du nouvel album de Saez, je m'en pâmerais presque. C'est un poète à la voix et à la gueule d'ange. Miam. Mais Cali, c'est toujours le plus mieux, hein =D D'ailleurs j'ai rêvé du concert cette nuit. Ça tourne à l'obsession cette histoire, mine de rien xD Mais si vous me connaissez un peu et surtout, si vous l'avez vu sur scène, vous devez comprendre pourquoi =) Comme toute bonne groupie qui se respecte, j'ai une des photos promotionnelles de l'Espoir en fond d'écran sur mon ordi, une photo du concert en fond d'écran de portable, Elle m'a dit en sonnerie, Je ne te reconnais plus pour signaler mes messages et 1ooo cœurs debout pour me réveiller. Et je compte tenter de le portraitiser, dès que j'aurai fini tout ce que j'ai en retard et dès que j'aurai le temps.

Dès que j'aurai le temps. C'est bien ça, le problème. J'ai déjà passé deux examens, mais il me reste encore un peu plus d'une semaine de cours, six matières à passer en partiels, une mini-formation, des cadeaux et des lettres en retard depuis maintenant plusieurs mois... Le temps passe trop vite. L'année est passée trop vite. Ces deux dernières années, en fait.
J'ai du mal à réaliser que ça fait déjà presque deux ans que la petite chambre d'étudiante adulescente à Talence est mon petit chez-moi, que je n'habite plus avec mes parents et que mes chats ne dorment plus dans mon lit chaque nuit. Ca fait deux ans aussi que ma vie sentimale se réduit à quelques flirts sans lendemain. Ah ah. Deux ans que j'ai rencontré môman, et ça, c'est sans doute une des plus belles choses que m'ait apporté ma vie de jeune adulte. Il y a eu d'autres personnes évidemment, des instants magiques, des lieux évocateurs, mais celui-là est vraiment le plus particulier de tous. C'est celui dont je me souviendrai même dans les moments de spleen où la fatigue l'emporte sur les sourires. Un peu comme ce soir.

Mais le moral ne restera pas en berne bien longtemps, promis =D Un peu de sommeil, un rendez-vous chez le coiffeur, du shopping, du soleil, des jupes de sortie, une pizza avec môman, des poils de mes chats plein les fringues, ma toutoune qui me saute dessus avec ses trois pattes, de jolis compliments, des messages mignons et croiser son sourire, même si putain ça fait mal de me dire que j'ai été et suis trop conne, mais tant pis, tant que je peux le croiser et avoir droit à ce sourire jusqu'au jour où lui sauterai dessus parce que zut, quoi, elle fait chier la petite fille sage. Bref, le plein de petits instants de bonheur et je serai de nouveau la pile électrique débordante de joie de vivre que l'on connaît =)

J'aurais attendu ce moment longtemps, longtemps, avec impatience. Et puis ça y est c'est le grand jour, tu t'en vas, et on se retrouve à 18 heures devant la patinoire après avoir tourné en rond dans Mériadeck. L'attente me paraît interminable, mais étrangement, tant qu'on reste dehors, je ne m'impatiente pas, je me contente de sourire bêtement. Mais deux heures, c'est long, très long, et quand la première partie commence, je me laisse emporter. Un groupe fort sympathique et c'est en voyant le chanteur s'agenouiller tout au bord de la scène, juste devant nous, que je réalise vraiment à quel point on est près. Un trou entre deux filles, la barrière devant moi et le micro sous mes yeux. Oh my.

Et puis vient le moment. Le moment où les images s'affichent, la musique commence et le voilà qui débarque, qui bondit sur scène, et la foule jusque là bien sage ne se contient plus et hurle, saute, lève le poing, trépigne de joie. Moi aussi. 1000 coeurs debout. Le mien était levé, et plus que ça, il planait ailleurs, je ne sais où, quelque part où il pouvait librement exploser de bonheur et de vie, battre avec une force accrue. J'aurais pu fondre en larmes, vous savez. Au lieu de ça, j'ai passé le concert à bisouiller môman et à lui répéter ce merci qui venait du plus profond de mon coeur.
Les chansons se succèdent, et je chante, je chante, je crie, je saute, comme tout le monde, comme Cali qui donne l'exemple. C'est fort, tellement fort. Les musiciens assurent, le batteur s'éclate et éclate ses baguettes, et je souris, je ris, le temps n'existe plus tant que Cali chante et bondit sous mes yeux. Il donne, il donne, inlassablement, encore et encore et lorsqu'on croit qu'il n'en peut plus, qu'on n'en peut plus, il repart de plus belle, et nous de faire de même, encore, encore.
Comment se lasser ? Cali est un showman, une bête de scène, une rockstar, un homme pourtant banal mais au charisme fou qui se transforme en sex symbol dès que ses pieds foulent la scène et qu'il chante son besoin d'amour, sentir l'amour, boire l'amour. C'est un homme engagé aussi, les applaudissement respectueux le prouvent. J'ai failli fondre en larmes quand il a chanté Guiseppe et Maria, dos au public, face à l'écran qui diffusait des images de guerre. Cette chanson remue quelque chose au fond de moi pour de multiples raisons. Et là, sur scène, lui-même ému, avec sa voix qui se brise l'espace d'un instant pour reprendre toute sa force... C'était un moment fort et mon ventre et mon coeur se serrent un peu plus maintenant que j'écoute la chanson sur l'album. Et Pas la guerre, Le droit des pères. Les papas = Les mamans, ne l'oubliez jamais. Le sourire approbateur en voyant la bannière contre les expulsions. Résistance, le poing levé, les mots scandés avec conviction.
Et le bordel, bordel, ce bordel magnifique, sur 1000 coeurs debout tout au début, sur Elle m'a dit où il a réussi à nous faire croire qu'il était trop vieux pour se jeter dans la foule, C'est quand le bonheur et les autres. Que c'était beau de le voir se ruer tout autour des gradins avec les gens du staff qui s'affolent de le voir disparaître, puis revenir dans les bras de l'un d'entre eux et se remettre à chanter comme si de rien n'était, un grand sourire aux lèvres. Et puis nous faire chanter Roberta, tous en coeur, se jouer de nous façon "ne soyez pas si impatients" et achever en beauté sur une Dolorosa bien douloureuse, puisque c'était la fin. Difficile de dire qui de lui ou de nous était le plus heureux et le plus ému.
Peu importe. Même si mes jambes ne me portaient plus, mes bras ne voulaient plus répondre, mes tympans menaçaient d'éclater et mes cordes vocales de se briser, il restait bien assez d'énergie pour l'applaudir et l'acclamer pendant un quart d'heure qui a paru bien court, le voir laisser échapper cette petite larme, sourire, nous remercier, encore et encore, puis finalement se retirer, transpirant, épuisé mais visiblement aussi heureux que nous.